Charlotte Pierre “La valeur d’une campagne, c’est sa capacité à exister dans les conversations”

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Journaliste et éditorialiste chez J’ai un pote dans la com’, Charlotte Pierre a rejoint le jury des Trophées de la Com. Sud-Ouest 2025 avec enthousiasme. Curieuse et engagée, elle porte un regard pointu sur les tendances, la créativité et les évolutions du secteur.

Pourquoi avoir accepté de faire partie de ce jury 2025 ?

D’abord, pour vivre l’expérience de l’autre côté. En tant que journaliste, j’interviewe souvent les jurés ou les agences finalistes, mais je n’avais jamais eu l’occasion de participer directement à un jury. J’étais ravie de cette proposition. C’est une forme de reconnaissance, bien sûr, mais aussi l’occasion de découvrir une scène créative différente, celle du Sud-Ouest, souvent moins visible depuis Paris. Rien que pour ça, c’est précieux.

Qu’espérez-vous que cette édition fasse émerger ?

On voudrait que chaque édition ait son empreinte. J’aimerais qu’on souligne ici la richesse de la création, sa diversité. Dans un contexte où les technologies, et notamment l’IA, prennent beaucoup de place, il est essentiel de rappeler la valeur humaine de la créativité : l’intuition, la culture, la sensibilité.

Votre expérience professionnelle vous amène à porter un regard sur de nombreuses campagnes. Y a-t-il un style ou une approche qui vous touche particulièrement ?

Je dirais que je suis sensible aux campagnes qui réussissent à conjuguer l’ADN de la marque et la résonance culturelle. Celles qui s’inscrivent dans un mouvement, un usage, une tension. Les campagnes les plus fortes sont souvent celles qui comprennent finement leur contexte (ce qui se passe dans la société, dans les communautés, dans les plateformes) et y apportent une réponse. Quand une idée dépasse la publicité pour toucher quelque chose de plus large que la marque elle-même, on le ressent immédiatement. J’aime également quand les marques s’amusent avec les dispositifs, explorent de nouveaux formats.

C’est selon vous l’intonation que devrait prendre la communication aujourd’hui ?

Il est difficile de donner une réponse générale : tout dépend du contexte, de la marque, de ses enjeux business et de la relation qu’elle entretient avec ses publics. Mais globalement, j’apprécie les campagnes dans lesquelles les marques assument un propos, osent un pas de côté, et surtout savent écouter et dialoguer avec leurs audiences et leurs communautés. Dans ce registre, les réseaux sociaux sont un terrain de jeu passionnant.

Vous avez un exemple en tête ?

C’est un peu bateau mais l’approche social media de Duolingo est un bon exemple : j’ai apprécié leur capacité à comprendre leur audience et les dynamiques propres aux plateformes. Ils se sont approprié les codes, les formats, avec de la réactivité, de l’auto-dérision, en partant de ce que les communautés attendaient… ou pas. Après, au-delà des plateformes, je pense à la campagne d’affichage Recycle Me de Coca-Cola, : juste un logo écrasé pour inviter à recycler ses canettes. Le concept était simple, mais fort et très bien exécuté. Les Trois mots d’AXA pour leur justesse et résonance universelle, ou encore Les Bleues d’Orange, à la fois pour le message, son exécution, sa capacité à créer la surprise, et donc la conversation.

Si vous deviez créer une nouvelle catégorie, laquelle serait-ce ? 

Je verrais bien justement une catégorie dédiée à cette notion de “conversation”. Une récompense pour les campagnes qui créent une résonance durable, qui s’infiltrent dans les usages, dans la culture populaire. Au-delà des métriques de performance, qui sont bien sûr importantes, celles qui entrent dans les discussions, qui sont commentées, partagées, détournées.

Merci Charlotte, on se donne rendez-vous aux Trophées…

Je suis vraiment ravie de faire partie de ce jury. On est encore dans la phase de sélection, le niveau est élevé, et la diversité des projets donne envie d’aller plus loin.

Interview réalisée par Céline Bordage